Démontage Chopinot-Gaultier
Deux jours de démontage pour une année de préparation, la dure loi des expositions.
Après M. Gaultier et Mme Chopinot, place à M. Lacroix et ses « Histoires de mode » au Musée de la Mode et des Arts Décoratifs.
Absente lors du montage du « Défilé », je fus ravie de déshabiller les silhouettes massives aux regards rieurs. Costumés avec malice et humour par Jean-Paul, les gaillards de Régine semblaient encore danser devant moi. Certains costumes si pesants et encombrants que je réalisais combien la danse est une prouesse physique. La qualité des matières me surprenant tout autant. Nous avons souvent tendance à déprecier les costumes (de danse ou de théâtre) avec cette idée préconçue que de loin les défauts sont invisibles. Pour ce qui est de la danse, ils doivent néanmoins être très résistants, tout en restant très souples. Agilité du costumier, la tenue doit accompagner le geste du danseur sans l’entraver. Les costumes issues de l’imagination florissante de Gaultier sont à la fois confortables, esthétiques, bien finis et résistants.
Avec des noms aussi cocasses que piquants, ils illustrent bien le qualificatif d’« Enfant terrible » accolé au nom de JPG :
— 1984, spectacle « Les Rats » : tutu rouges et noirs en forme de fraises Henri III, perruques en crin de "gentilhomme", espadrilles en guise de pointe-calvaire, évoquant le dur labeur incombé aux petits rats de l’Opéra.
— 1985, spectacle « Rossignol » : tenue de "gros poussin" en jersey stretch et tulle bouillonné rose afin de porter la danse dans les airs.
—1986, spectacle « A la Rochelle, il n’y a pas que des pucelles » : Dragon, chien, rate, sanglier engonssés dans des bodys en sergé matelassés se terrent derrière des coiffures-masques en plastique imprimé.
—1988, spectacle « KOK » : Boxeurs se castagnent sur le ring en peignoir grimmés de noms provocateurs… Archie Black porté par Lee Black, un noir donc, Boo Bull, Alonzo Plumard ou encore Poids Chiche, qui n’est autre que Régine Chopinot.
La haute-couture aussi était au rendez-vous.
La dernière salle exposait quelques pièces iconiques JPG : la première robe à seins coniques, la fameuse robe jersey s'achevant en plumes d'autruche rayées marin, une robe à crinoline apparente...
D’autres malins plaisirs m’auront comblée.
Me glisser dans les vitrines pour éluder les trucs et astuces jalonnés par une équipe de magiciens-scénographes m’ont fait passer derrière le rideau.
Mais peut-être finalement vaut-il mieux laisser planer le mystère d’un tour plutôt que de découvrir qu’il ne tient qu’à un miroir réfléchissant ou à un jeu de lumière…