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4 mai 2009

Bio Diana Vreeland

    Vous les fashionistas, vous connaissez sans doute cette grande prêtresse du Vogue US, inutile de vous présenter Diana Vreeland...

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1903 : Née Diana Dalziel à Paris, d'un père britannique et d'une mère américaine. Trop bien née pour être snob, Lady Diana rôdée aux protocoles tire sa révérence à la Reine à l’âge des premiers bals. Des cousinages chics, des Rothschild et Washington en filiation, elle passe son enfance dans le Paris huppé de la Belle Epoque : "J'ai été élevée dans un monde de "grandes beautés", un monde où les cocottes, les demi-mondaines étaient les grandes personnalités de Paris. [...] Le Bois (de Boulogne) était l'endroit où elles paradaient tous les matins. [...] Je réalise maintenant que c'est là bas que j'ai découvert le début du siècle. Tout était nouveau, très influencé par Diaghilev".

1914 : Sa famille fuit la guerre et part s'installer à New York. Là-bas, l'école l'ennuie mais la danse la passionne. Discipline, maintien, sens du rythme, des atouts qui, associés à son élégance — une allure d’aristo bien à elle : sombrero, fleur sur l’oreille, pantalon, spartiates, et tout ce que sa silhouette androgyne peut assumer — la propulsent très vite parmi les socialites les plus en vue de la ville.

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1924 : Succombant aux charmes de Thomas Reed Vreeland, un séduisant banquier, elle l’épouse et lui fait deux fils. Un temps à New York, un temps à Londres, où elle tient une boutique de lingerie à ses heures, un temps à Paris — sa « maison spirituelle » — où elle mène une vie de dilettante faite de lectures, de voyages et de fêtes. Son ironie, son sens aigu de la dérision, son profil d’aigle constituent ses meilleurs laisser-passer au sein de l’élite frenchy du moment : Coco Chanel, Jean Patou, Christian Bérard, Cecil Beaton... Les talents viennent à elle spontanément. « L’élégance est innée. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être bien habillée. L’élégance, c’est le refus. »

1936 : Un sens du chic et de l’élégance qui fera mouche auprès de Carmel Snow, directrice du Harper’s Bazaar.  Sitôt rentrée à New York, celle pour qui travailler est « une drôle d’idée », se voit ainsi confier une rubrique mensuelle qu’elle sut  immédiatement adapter aux envies de ses lectrices, déroutées par la crise économique. Inutile — et totalement déplacé — de vanter les vertus d’une toilette hors de prix, sa rubrique "Why don't you…" encourage l’inventivité des Américaines en posant des questions-choc : « Pourquoi pas des cils bleu ciel ? Pourquoi pas un lit en porcelaine ? Pourquoi pas décorer avec des ananas ? »… Une vision pragmatique et éclairée de la mode qui préconise le recyclage (shampoing au champagne pour les enfants), customise avant l’heure (« Comment coudre de la fourrure d’hermine sur son peignoir de bain ? »), prescrit la fermeture éclair et met tout le monde en ballerines quand il s’agit de faire face au rationnement des chaussures. «  Si j’aime quelque chose, le reste du monde l’aimera aussi. Je pense avoir un point de vue solidement ancré dans ce qu’il y a de plus ordinaire. »  Le buzz médiatique fait décoller les ventes du Harper's... Six mois après son arrivée, Diana Vreeland est promue rédactrice en chef de la section mode.

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1950 : Avec elle, le style descend dans la rue. Contre-attaquant la tendance d’une presse relaie d’opinion qui ne s’adressait qu’aux intellectuels et aux artistes, elle donne la parole et le mode d'emploi à ses lectrices, s’efforçant de rendre portables les lubies des créateurs : Cristobal Balenciaga, Christian Dior, Yves Saint Laurent se font désacraliser dans les séries enlevées de Richard Avedon. Un esprit libre et caustique — « Le bikini est la chose la plus importante depuis la découverte de la bombe atomique » — toujours à l'affût de la nouveauté, encourageant les jeunes designers et plébiscitant les nouvelles techniques. À eux trois, Alexey Brodovitch, Diana Vreeland et Carmel Snow modelèrent le Harper's en un magazine accessible, bien que pointu ; trait d'union entre les artistes, les stylistes, les photographes, les auteurs et le public.

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1963 : Un style qu’elle impose ensuite au Vogue US — en tant que rédactrice en chef — qu’elle transforme en un manège d’extravagances et de snobisme. « Elle donnait de l’importance au moindre petit détail » notait Andy Warhol. Avec son code couleur au diapason futuriste des années 60 et ses mots de passe érigés en hommage à New York, elle continue d’explorer son époque. Les visages et les silhouettes changent… Dénicheuse de personnalités, elle met sous les feux de la rampe des beautés insolites : Lauren Hutton et ses dents du bonheur, Iman l’Ethiopienne ou Edie Sedgwick l’incandescente Factory girl. « Sans émotion, pas de beauté. » Sa devise est cinglante, révélatrice d’une vision dont elle consigne tous les matins les instructions sur ses célèbres mémos qui arrivaient en rafale sur les bureaux de ses assistantes : « Alors ce nouveau mot qu’utilisent les jeunes, ce mot qui est si tendance à Londres… « Beady ».. Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? La dernière fois que Jean (Schrimpton) était ici, elle m’a dit que (David) Bailey avait l’air « beady ». Que voulait-elle dire exactement ? » Des notes comme autant de coups de cravaches pour marquer le pas sur ses rédactrices caractérielles toutes plus divas les unes que les autres. "Une nouvelle robe ne vous mènera jamais nulle part, c'est la vie que vous vivez dans cette robe, et le style de vie que vous aviez avant, et ce que vous ferez dedans après qui comptent."

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1966 : À la mort de son mari, l’arbitre des élégances, devenue icône de presse, a révolutionné les codes d’un milieu en quête de regénérescence. Excentrique créature aux cheveux de jais laqués, aux colliers torques et aux bracelets grimpants, dont l’âge accentue encore son air d’impératrice ; volcanique, exigeante, souvent caricaturée tapie dans son antre exotique sur Lexington Avenue, on la craint, on l’adore. "J'aime la vulgarité si elle a de la vitalité. Un peu de mauvais goût, c'est comme une pincée de paprika. On a tous besoin d'une pincée de mauvais goût. C'est vigoureux, c'est sain, c'est physique. Je pense qu'on pourrait plus s'en servir. Je suis uniquement contre l'absence de goût. Trop de bon goût peut être ennuyeux. »

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1971 : Virée du jour au lendemain de chez Vogue, à l’heure où la guerre du Vietnam déchire les Etats-Unis, où le choc générationel s’embrase, où les styles de vie les plus exubérants s’affichent, augurant de nombreuses pages vierges à transcrire, la voilà bien malgré elle au chômage. Celle que les journaux désignaient comme « une mendiante du luxe se préparant à faire la tournée de ses amis milliardaires » quitte New York quelques mois avant de se faire rappeler par l'Institut du costume du Metropolitan Museum of Art de New York qui la nomme consultante, contredisant la phrase de Scott Fitzgerald : « Il n’y a pas de deuxième acte dans la vie d’un américain. » Un surcis et une consécration. « Je déteste le narcissisme mais j’approuve la vanité.»

1993 : Quatre années après sa disparition, le Metropolitan Museum’s Costume Institute lui consacre une exposition. « Je déteste la nostalgie, je ne crois en rien qui n’ait existé avant la péniciline. »

2008 : Sa notoriété posthume reste intacte. Après Drôle de frimousse (1957), inspiratrice du personnage tyrannique et capricieux de Maggie Prescott (prise d’une lubie, elle fera un beau jour repeindre en rose les locaux de sa rédaction, en clamant : « Le rose est le bleu marine de l’Inde»), elle est ensuite représentée par Illeana Douglas dans Factory Girl (2006), par Juliet Stevenson dans Infamous (2006) puis par Claire Nadeau dans la pièce de théâtre La divine Miss V, mise en scène par Jean-Paul Muel. Quant à ses mémos délirants, il se font épingler dans un numéro spécial du Visionaire (2002), immortalisant les intuitions fracassantes de la redoutable Vreeland qui, de sa langue de vipère, entortillait les mots, s’empressant d’assouvir les besoins de ses lectrices qu’elle venait de susciter.

Article publié dans Magazine, N° 49.

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Commentaires
G
... pour cette bio enlevée, tonique et qui me fait découvrir une personnalité que je ne connaissais pas!
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